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20/03/2012

317ème Section

Pierre Schœndœrffer

 

Le cinéaste et écrivain Pierre Schœndœrffer nous a quitté, le 14 mars dernier…

Etre à la fois au cœur du cinéma français et, en même temps, irrémédiablement individualiste - et même, sans doute, assez seul -, telle fut la paradoxale position de Pierre Schœndœrffer, qui fut confronté, jeune, à une Histoire s'écrivant dans le sang et la violence et dont il voulut restituer, par l'écriture et l'image en mouvement, une ébauche de vérité.

Il est d'origine alsacienne, mais il est né à Chamalières, dans le Puy-de-Dôme, le 5 mai 1928. Encore lycéen, grand lecteur d'Herman Melville,  Joseph Conrad ou Jack London, stimulé par la lecture du roman de Joseph Kessel Fortune Carrée et passionné par la mer, il s'engage dans un chalutier à voile. Mais il est surtout obsédé par un désir tenace, celui de raconter des histoires. Ainsi, hors le goût de l'aventure, son autre passion sera le cinéma.   

Le producteur George de Beauregard, aristocrate du cinéma français, fasciné par le parcours de l'auteur, lui permet d'adapter un récit que Schoendoerffer avait écrit en 1963 en pensant déjà à son adaptation cinématographique, La 317e section.

Le tournage est pénible pour l'équipe, lâchée dans la jungle. "J'ai imposé à tout le monde la vie militaire, dira le cinéaste. Un film sur la guerre ne peut pas se faire dans le confort. Tous les matins, nous nous levions à 5 h et nous partions en expédition à travers la jungle. Nous étions ravitaillés par avion toutes les semaines. La pellicule était expédiée à Paris dans les mêmes conditions. De là-bas, on nous répondait 'Bon' ou 'Pas bon'." Cela donnera un des plus grands films de guerre de l'histoire du cinéma.

Schœndœrffer devient un écrivain reconnu. L'Adieu au roi, publié en 1969, inspirera en partie John Millius lorsqu'il écrira le scénario d'Apocalypse Now (1979).

Le Crabe-Tambour (adapté d'un de ses romans) en 1976, L'Honneur d'un capitaine en 1982, Diên Biên Phu en 1994 et enfin, Là-haut, un roi au-dessus des nuages, film-testament de 2004 (également tiré d'un de ses romans) poursuivent (avec des moyens moins radicaux que La 317e section) le roman des guerres coloniales perdues et des hommes qui les ont faites.

Le cinéma de Schœndœrffer devient le mausolée des rêves français d'une grandeur défunte et fantasmatique. Il aura mis en scène, non sans mélancolie, des perdants de l'Histoire qui sont aussi des figures que le cinéma français a, la plupart du temps, dédaignées.

 

( Résumé d’un article signé Jean-François Rauger )

 

 

 

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