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07/06/2012

Ray Bradbury

Ray Bradbury, le grand poète de la science-fiction est mort.

 

Il était l'un des plus grands auteurs de science-fiction du XXe siècle. Le créateur des Chroniques martiennes et de Fahrenheit 451 s'est éteint (avant-hier / 05 juin 2012) à Los Angeles, à l'âge de 91 ans.

 

Né le 22 août 1920 à Waukegan, dans l'Illinois, ce fabuliste, auteur d'une trentaine de romans et de plus de 600 nouvelles en soixante ans, restera sans doute l'auteur de science-fiction le plus lu au monde. Ses Chroniques martiennes (publiées en 1950), chef-d’œuvre de poésie et d'humanité, racontent l'histoire de la conquête de la planète rouge entre 1999 et 2026 par les premiers colons terriens. La très ancienne civilisation martienne, sur le déclin, finit par disparaître avec l'arrivée des Terriens. Vendues à des millions d'exemplaires de par le monde depuis plus d'un demi-siècle, ces Chroniques furent si populaires que Ray Bradbury reste l'auteur de science-fiction le plus étudié à l'école.

 

Issu d'une famille américaine d'origine modeste, un clin d’œil du destin aura voulu qu'il soit le descendant - par son père - d'une sorcière de Salem. Ses velléités littéraires semblent ainsi très tôt liées à l'imaginaire, au fantastique et à la science-fiction. Tout petit, sa mère lui lit les Contes d'Edgar Alan Poe. D'où sa fascination pour les créatures surnaturelles, vampires, gargouilles, momies et autres fantômes.

 

Le secret du génie littéraire de Bradbury? Il pensait l'avoir découvert à la naissance de la première de ses quatre filles. « Pour tout dire, je me souviens de mon arrivée sur la terre. C'était le 22 août 1920 à la clinique de Waukegan dans l'Illinois. Mon tout premier souvenir date du moment précis où je suis né. J'étais parfaitement conscient de ce qui m'arrivait. Je possède une mémoire qui remonte très loin. Je suis, en quelque sorte, un monstre, une anomalie. Je l'ai découvert il y a quelques années en discutant avec ma mère. En fait, j'ai passé dix mois dans son ventre et non neuf : je suis un bébé né à dix mois. J'ai donc eu un mois supplémentaire pour grandir, et j'en suis ressorti avec des visions. »

 

À trois ans, il voit son premier film, Le Bossu de Notre-Dame, d'après Victor Hugo. Deux ans plus tard, c'est Le Fantôme de l'Opéra. Ces deux films provoquent des émotions très fortes. « J'ai tout de suite aimé le personnage de Quasimodo, ce bossu désespérément amoureux d'une Gitane et celui de ce fantôme musicien secrètement épris de la diva. Je me suis tout de suite projeté en eux. J'ai aimé ces deux monstres trop humains, injustement rejetés par les autres alors qu'ils sont remplis d'amour. Dans les deux cas, il s'agissait d'histoires d'amour impossible. Tout jeune, j'ai moi-même fait l’expérience du rejet amoureux », confiait-il volontiers.

 

Enfant de la Grande Dépression des années 1930, Ray Bradbury ne rêve que d'une chose, devenir écrivain. Les débuts sont difficiles car les éditeurs trouvent sa prose « trop poétique ». Sa première nouvelle, Le Pendule, est publiée en novembre 1941 dans Super Science Stories.

Il publie ensuite régulièrement des contes fantastiques.

Peu à peu, ses nouvelles, oniriques et mélancoliques, sont regroupées en recueils : des Chroniques martiennes (1950), L'Homme illustré (1951), Les Pommes d'or du soleil (1953), Le Pays d'octobre (1955), Un remède à la mélancolie (1958), Je chante le corps électrique (1970).

 

En 1951, le cinéaste John Huston rencontre le jeune écrivain, la nuit de la Saint-Valentin. Il a lu la nouvelle La Sirène, dans laquelle Bradbury raconte comment un dinosaure tombe amoureux d'un phare, simplement en entendant sa corne de brume. « Jules Verne est mon père ! Jean-Paul Sartre est l'un de mes oncles fous », dit un jour Bradbury. John Huston, lui, voyait plutôt en lui le « fils bâtard d'Herman Melville ». Deux ans plus tard, il l'engage comme scénariste de Moby Dick, adaptation du roman, avec Gregory Peck dans le rôle du capitaine Achab. Bradbury racontera les sept mois de travail hallucinés, en Irlande, chez Huston dans La Baleine de Dublin (1993).

 

En 1953, il franchit une nouvelle étape, avec Fahrenheit 451. Cette contre-utopie, écrite en plein maccartisme, met en scène Montag, pompier chargé de brûler les livres dans une civilisation qui se donne l'apparence d'une société heureuse, où les êtres s'épanouissent dans des occupations superficielles - télévision omniprésente, jeux et badinages.

 

À la manière du 1984 d'Orwell, Bradbury fustige une société totalitaire où la barbarie se dissimule derrière le matraquage médiatique et où les livres sont considérés comme dangereux, car véhiculant des idées souvent critiques. Le titre du roman indique précisément la température en degré Fahrenheit, à laquelle s'enflamme le papier… soit 232,7 degrés Celsius. En 1966, François Truffaut portera ce roman à l'écran avec Oscar Werner et Julie Christie.

 

Tout en publiant de nouveaux livres - La solitude est un cercueil de verre (1986), ou De la poussière à la chair (2002), Bradbury vivait, retiré dans sa maison jaune au cœur du quartier ouest de Los Angeles, avec sa femme, Marguerite. Malgré une attaque cérébrale à l'automne 1999, dont il mit trois ans à se remettre, Ray Bradbury n'a jamais cessé de rester connecté au monde.

 

 « Tout ce que j'écris est un mystère, expliquait-il. C'est ainsi que travaille ma muse. L'inspiration vient tous les jours quand je me réveille, vers sept heures. C'est ce que j'appelle mon petit théâtre matinal. J'ai la sensation qu'un grand nombre de métaphores tournoient au-dessus de moi. Je ne rêve pas vraiment, je ne suis pas complètement réveillé. Je flotte entre deux mondes. C'est un état formidable: vous êtes relaxé, vous n'intellectualisez rien, vous vous contentez de profiter du spectacle de ce théâtre de la pensée. Je peux le dire maintenant: je n'ai jamais su comment j'avais été amené à composer un livre comme Les Chroniques martiennes. Au départ, j'avais simplement écrit une série de nouvelles. Puis, un beau jour, l'idée de les rassembler toutes en une sorte de feuilleton s'est imposée à moi. Voilà comment sont nées Les Chroniques martiennes. »

 

Toujours fasciné par la planète rouge, le plus célèbre des écrivains ayant chanté Mars déclarait en 1997 « n'en être jamais revenu », alors qu'il avait assisté au Smithsonian Institute de Washington aux premiers pas du petit robot téléguidé Sojourner, baptisé Rocky. « J'aime l'idée d'avoir chanté l'odyssée martienne comme Homère a chanté celle d'Ulysse », déclarait-il en 2002, alors qu'il venait de recevoir la médaille de la National Book Foundation pour sa contribution à la littérature américaine. Cette même année, en avril, l'écrivain eut le privilège de devenir la 2913e étoile gravée sur le Walk of Fame de Hollywood Boulevard, à Los Angeles.

 

Ray Bradbury est né dans les étoiles.

Il ne pouvait qu'en redevenir une à la fin de sa vie.

 

Le Figaro 

ray bradbury

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