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04/04/2014

Régine Deforges nous a quitté…

L'auteure est décédée mercredi des suites d'une crise cardiaque. Elle avait 78 ans et un parcours jalonné d'innombrables succès et de scandales.

 

Régine Deforges est décédée mercredi des suites d'une crise cardiaque, a-t-on appris auprès de sa famille. Écrivaine et féministe, elle s'est éteinte à 78 ans à l'hôpital parisien Cochin. Auteur d'une quarantaine de livres (jeunesse, fictions, anthologies, essais), elle s'était rendue célèbre avec sa saga La Bicyclette bleue, entamée en 1981 et dont le dixième et dernier volume est paru en 2007. 

 

A la fin de l'année 2013 elle avait publié ses mémoires, L'Enfant du 15 août, dans lesquelles elles revenait sur sa jeunesse, ses amours (avec l'industriel Pierre Spengler, l'éditeur Jean-Jacques Pauvert ou le dessinateur Wiaz, la cour que lui fit François Mitterrand), ses souvenirs d'Afrique, et la vieillesse qui "salit [son] visage, tache [ses] mains". 

Régine Deforges, dont les livres érotiques furent censurés dans les années 70, était coutumière du scandale. Comme lorsque les héritiers de Margarett Mitchell lui firent un procès pour avoir plagié Autant en emporte le vent dans La Bicyclette bleue

La Bicyclette Bleue, sa grande saga dont le dixième et dernier volume est paru en 2007, avait été adaptée au cinéma en 2000, avec Laetitia Casta dans le rôle de Léa Delmas. L'action se déroule pendant l'occupation allemande, et c'est sur une bicyclette bleue que l'héroïne traverse la ligne de démarcation. Elle a vendu plus de dix millions d'exemplaires de cette série historique, largement traduite, portée par une documentation sans faille et une écriture claire qui parle à tous. L'éditrice sulfureuse des années 70, la pétroleuse des prétoires, le diable roux des textes érotiques, connaissait enfin la réussite populaire. 

 

"Les critiques ne savent pas dans quel tiroir me ranger"...   

"J'ai connu trop de succès à répétition, qui vont des livres pour enfants au point de croix, en passant par les anthologies érotiques. Les critiques ne savent pas dans quel tiroir me ranger, on parle de moi comme d'un phénomène mais jamais de mon travail, ce qui me navre", disait cette romancière délurée, fataliste et piquante, provocatrice et calme, collectionneuse d'objets religieux et de tapisseries rares. 

Elle est née le 15 août 1935 à Montmorillon dans la Vienne. Elle s'inspirera de son adolescence pour raconter, dans "Le cahier volé" (1978), une histoire vraie : celle d'une jeune fille, ressemblant à s'y méprendre à Régine - violemment exclue de ce village pour avoir confié à son journal intime l'attrait que lui inspirait une camarade de son âge. "Cela a renforcé ce côté sauvage que j'avais déjà", a-t-elle dit. Un traumatisme qu'elle n'oubliera jamais.  

Après une enfance dans le Poitou, elle traverse une adolescence tumultueuse, se marie à dix-huit ans et s'installe à Paris. Elle prend des cours de théâtre au cours Simon, fait un peu de mannequinat mais trouve sa vocation en devenant libraire au drugstore des Champs-Elysées. 

 

De l'érotisme aux contes pour enfants, en passant par les livres de cuisine...

Elle lance avec son amant et mentor, le célèbre éditeur Jean-Jacques Pauvert, sa maison d'édition, L'Or du Temps. Son premier livre publié (en 1968), Le Con d'Irène de Louis Aragon, est saisi ; et l'éditrice, condamnée pour "outrage aux bonnes mœurs", est privée de ses droits civiques.

C'est une époque jalonnée de procès : Trois Filles de leur mère, de Pierre Louÿs ou Lourdes, lentes d'André Hardellet, figurent parmi les titres édités qui l'entraînent du côté de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. 

"Comme à l'époque de mes 15 ans (ndlr: à Montmorillon), je baissais la tête pour cacher mon sourire, mes larmes aussi. Je me tenais fière et droite, m'évertuant à dissimuler la peur qui m'envahissait. Je crois que j'y réussis", a-t-elle raconté.  

Pas facile en effet d'expliquer à une société française encore très corsetée sa définition de l'érotisme : "Libre, dénué de tout sens du péché, joyeux, païen et non pas didactique". En 1975, elle écrit son premier livre : des entretiens avec l'auteur d'Histoire d'O : O m'a dit.

Puis son premier roman, en 1976 : Blanche et Lucie (ses deux grand-mères).

Suivront : Les Contes pervers (adapté au cinéma), Pour l'amour de Marie Salat (adapté au théâtre), Sous le ciel de Novgorod, Journal d'un éditeur, L'Orage, La Hire, ou la colère de Jeanne (d'Arc), des essais comme Roger Stéphane ou la passion d'admirer, des anthologies sur les chansons d'amour, des contes pour enfants, et même un livre de recettes de cuisine. 

Régine Deforges était l'épouse du dessinateur du Nouvel Observateur Pierre Wiazemski, dit Wiaz (petit-fils de François Mauriac). Mère de trois enfants (dont l'éditeur Franck Spengler) de deux mariages, elle a longtemps présidé la Société des gens de lettres et a été jurée du prix Femina jusqu'en 2006.

 

Via L'Express, avec AFP 

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