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22/04/2012

Le Chant du Barde

Le Chant du Barde

Je ne suis qu’un maillon de l’invisible chaîne
Dont Esus, pour toujours, a soudé les maillons.
Je ne suis qu’une feuille au front du vaste chêne,
Que diadème encore le rameau de Gwyddon.
Tout enfant j’ai suivi les leçons de nos sages,
Écouté les propos et recueilli les chants.
Ma mémoire fidèle a transmis leur message
Des monts calédoniens aux îles du couchant.
Je ne suis qu’un chaînon de la chaîne invisible,
Je ne suis qu’un écho des vieilles vérités.
Si mes maîtres, prudents, n’ont pas laissé d’écrits,
Leur voix parle à tout cœur de l’écouter.
Bien des étés ont lui, bien des hivers neigé,
Depuis que j’ai reçu les dons qui ne s’accordent
Qu’aux porteurs de l’Awen : l’anneau de fer forgé,
La coupe rituelle et la harpe à neuf cordes.
Pèlerin jamais las de la terre celtique,
Bien des étés ont lui depuis les jours lointains,
Où j’allais consulter les oracles antiques,
Des rivages de l’ambre aux îles de l’étain.
J’ai chanté mes espoirs et j’ai chanté mes rêves,
J’ai chanté les héros, honneur du vieux pays.
Sous les coups du destin comme sous ceux du glaive,
Mon cœur n’a pas tremblé, mon chant n’a pas faibli.
Tout jeune encore j’allais, interrogeant les sages,
Méditant les conseils et recueillant les chants.
Les aïeux m’ont légué, transmis du fond des âges,
Les secrets arrachés autrefois aux géants.
Je sais des chants d’espoir et des chants de détresse,
Des chants pour le combat, des chants pour le festin.
J’ai chanté les secrets de l’antique sagesse,
La gloire des héros et les jeux du destin.
Je suis un chaînon de la mystique chaîne
Et j’attends seulement, car mon heure est prochaine,
L’enfant blond que Gwyddon a marqué de son sceau,
Pour lui rendre la coupe, la harpe et l’anneau.

André Savoret ( 1898 – 1977 )

 

( http://honneur-et-tradition.blogspot.fr/2012/02/le-chant-... )

 

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16/02/2012

Noir corbeau, mon ami voyageur...

Чёрный ворон ( Протяжная песня донских казаков ).

Noir corbeau ( Chant des Cosaques du Don ).


 

Noir corbeau, mon ami voyageur,
Où donc, si loin, as-tu volé ?
Noir corbeau, mon ami voyageur,
Où donc, si loin, as-tu volé ?

Où donc, si loin, as-tu volé ?
Toi, noir corbeau, tu m’as apporté,
Une blanche main baguée.

Une blanche main baguée...
Je suis sortie sur le perron,
Légèrement, j’ai chancelé.

Légèrement, j’ai chancelé...
Par la bague, j’ai reconnu de mon ami,
Sa main que tient le corbeau.

Cette main, la main de mon bien-aimé,
Sans doute, qu’à la guerre, il a été tué.

Sans doute, qu’à la guerre, il a été tué…
Mort, sur la terre, il est couché,
Dans un lointain pays étranger.

Dans un lointain pays étranger…
Est venu avec une pelle,
Un homme bienveillant.

Un homme bienveillant...
Dans une seule tombe, a enterré,
Deux cents quarante âmes.

Deux cents quarante âmes.
Une croix de chêne,
 il a planté
Et a Inscrit dessus :

« Ici reposent, des héros du Don,
Gloire aux cosaques du Don ! »
« Ici reposent, des héros du Don,
Gloire aux cosaques du Don ! »

 

Traduction : Sarah P. Struve.

12/02/2012

Jean-Paul Bourre : Vivre comme avant

30/01/2012

Les Amours Jaunes...

Tristan Corbière : Les Amours Jaunes

( 1958 / Jean Rollin )


 

Evocation de Tristan Corbière ( 1845 – 1875 ),

par le réalisateur Jean Rollin ( 1938 – 2010 ).

22/01/2012

Poèmes de Fresnes

LE JUGEMENT DES JUGES

Ceux qu'on enferme dans le froid, sous les serrures solennelles,
Ceux qu'on a de bure vêtus, ceux qui s'accrochent aux barreaux,
Ceux qu'on jette la chaîne aux pieds dans les cachots sans soupiraux,
Ceux qui partent les mains liées, refusés à l'aube nouvelle,
Ceux qui tombent dans le matin, tout disloqués à leur poteau,
Ceux qui lancent un dernier cri au moment de quitter leur peau,
Ils seront quelque jour pourtant la Cour de Justice éternelle.

Car avant même de juger le criminel et l’innocent,
Ce sont les juges tout d'abord qu'il faudra bien que l’on rassemble.
Qui sortiront de leurs tombeaux, du fond des siècles, tous ensemble,
Sous leurs galons de militaire ou leur robe couleur de sang,
Les colonels de nos falots, les procureurs dont le dos tremble.
Les évêques qui, face au ciel, ont jugé ce que bon leur semble,
Ils seront à leur tour aussi à la barre du jugement.

Quand la trompette sonnera, ce sera le premier travail !
Mauvais garçons, de cent mille ans vous n'aurez eu tant de besogne
Pour tuer ou pour dérober vous n'aviez guère de vergogne,
Mais vous avez bien aujourd'hui à soigner un autre bétail
Regardez dans le petit jour, c'est le chien du berger qui grogne,
Il mord leurs mollets solennels, et le fouet claque à votre poigne.
Rassemblez les juges ici dans l'enceinte du grand foirail.

Pour les juger, je vous le dis, nous aurons sans doute les saints.
Mais les saints ne suffisent pas pour énoncer tant de sentences.
Ceux qu'on a jugés les premiers, autrefois, pendant l'existence,
Comme il est dit au Livre Vrai, ne seront jugés qu'à la fin.
Ils jugeront d'abord le juge, ils pèseront les circonstances.
A leur tour alors d'écouter l'attaque autant que la défense.
Les juges vont enfin passer au tribunal du grand matin.

Les tire-laine dans la nuit, les voleurs crachant leurs poumons,
Les putains des brouillards anglais accostant les passants dans l'ombre,
Les déserteurs qui passaient l'eau happés dans le canot qui sombre,
Les laveurs de chèques truqués, les nègres saoûls dans leurs boxons,
Les gamins marchands d'explosifs, les terroristes des jours sombres,
Les tueurs des grandes cités serrés par les mouchards sans nombre,
Avant d'être à nouveau jugés feront la grande Cassation.

On les verra se rassembler, montant vers nous du fond des âges,
Ceux qui, les raquettes aux pieds, parmi les neiges du Grand Nord
Ont frappé au bord des placers leurs compagnons les chercheurs d'or,
Ceux qui, dans la glace et le vent, au comptoir des saloons sauvages
Ont bu dans les verres grossiers, l'alcool de grain des hommes forts,
Et qui, négligents de la loi, confondant l'oubli et la mort,
Ont rejeté les vieux espoirs de gagner les tièdes rivages.

Ils s'assiéront auprès de ceux qui ont tiré dans les tranchées,
Et puis qui ont dit non, un jour, fatigués des années d'horreur,
Des soldats tués pour l'exemple et des décimés par erreur,
Et près des durs, des militants de toutes les causes gâchées,
De ceux qui tombent en hiver sous les balles des fusilleurs,
De ceux qu'enferment aux cachots les polices des Empereurs,
Et des jeunesses de partout par leurs chefs en fuite lâchées.

Oui, tous, les soldats, les bandits, on leur fera bonne mesure
Ne craignez pas, hommes de bien, ils seront jugés eux aussi.
Mais c'est à eux, pour commencer, qu'il convient de parler ici,
Car la parole est tout d'abord à ceux qui courent l'aventure,
Et non à ceux qui pour juger se sont satisfaits d'être assis,
De poser sur leur calme front leur toque noire ou leur képi,
Et de payer d'un peu de sang leur carrière et leur nourriture.

Les adversaires d'autrefois pour ce jour se sont accordés,
Les justes traînés au bûcher sont auprès des mauvais enfants,
Car les juges seront jugés par coupables et innocents.
Au-delà des verrous tirés qui d'entre eux pourra aborder ?
Qui verra ses lacets rendus, sa cravate et ses vêtements
Socrate juge la cité, Jeanne signe le jugement,
Et à la Cour siègent ce soir la Reine et Charlotte Corday.

Ils passeront, ils répondront, aux tribunaux des derniers jours,
Ceux-là qui avaient tant souci de garder leur hermine blanche,
Et les cellules s'ouvriront, sans besoin de verrou ni clenche.
À la cour du Suprême Appel, ce n'est pas les mêmes toujours,
O frères des taules glacées, qui seront du côté du manche.
Les pantins désarticulés attachés au poteau qui penche
Se dresseront pour vous entendre, ô juges qui demeuriez sourds.

Et ceux qui ont passé leurs nuits à remâcher leurs mauvais rêves,
Les pâles joueurs de couteau, les héros morts pour leur combat,
Les filles qui sur le trottoir glissent la drogue dans leur bas,
Ceux-là qui pendant des années ont perdu leur sang et leur sève
Par le juge et par le mouchard, et par Caïphe et par Judas,
Ils verront le grand Condamné. roi des condamnés d'ici-bas,
Ouvrir pour juges et jurés le temps de la grande relève.

Robert Brasillach

13 janvier 1945.

 

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