Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/01/2013

Jacques Sadoul / Cycle du Domaine de R.

Le Domaine de R. par Jacques Sadoul

 

Jacques SADOUL : « La passion selon Satan »

Depuis près de sept siècles, Joachim Lodaüs vit seul dans le manoir du domaine de R., en compagnie d'un chat noir aux yeux de soufre qui a nom Aï-d'Moloch. Le domaine de R… où seuls quelques buissons poussent sur un sol craquelé, lunaire, où l'air semble chargé d'effluves électriques. Vers cette terre maudite, une jeune fille en vacances, Josette Rueil, se sent pourtant attirée. Par une force inconnue. Etrangement, après chaque visite, tout souvenir s'efface…

En revanche, des rêves souvent érotiques viennent obséder ses nuits, des cauchemars bientôt où lui apparaît la terrible vérité des heures vécues au manoir. Jusqu'à l'insoutenable révélation qui va la conduire au suicide. Aux yeux de Joachim Lodaüs cependant, cette mort terrestre n'est rien, le vrai destin de Josette commence…

J’ai-Lu Poche 1979 / 188 pages / 130 grammes.

Etat : tout à fait bien, quelques petites marques de manipulation(s) et/ou stockage, mais trois fois rien ! La tranche n’est pas cassée, l’intérieur est propre et sain, c’est du tout bon ! 

 

Jacques SADOUL : « Le jardin de la licorne »

Depuis sept siècles, Joachim Lodaüs vit au manoir de R. Sept siècles de pratiques et d'expériences maléfiques qui lui ont livré tous les secrets des sciences occultes. Son unique compagnon: Aï-d'Moloch, le Maître-Chat du Monde des Rêves…

Rompant cette solitude, pourquoi Lodaüs engage-t-il Sandra, une jeune infirmière chassée de son hôpital ? Et, soudain surgi du néant, quel est cet être à peine humain, sans mémoire ni volonté, sur qui Sandra est chargée de veiller ? Chaque nuit elle va trouver refuge dans le Monde des Rêves auquel les pouvoirs de Lodaüs lui permettent d'accéder… Physiquement. Totalement…

Refuge, cet univers où tout n'est que voluptés sanglantes et supplices ?

Mais, pour Sandra, y a-t-il plus terrifiant que la réalité même du domaine de R.?

J’ai-Lu Poche 1980 / 181 pages / 125 grammes.

Etat : tout à fait bien, quelques petites marques de manipulation(s) et/ou stockage, mais trois fois rien ! La tranche n’est pas cassée, l’intérieur est propre et sain, c’est du tout bon ! 

 

Jacques SADOUL : « Les Hautes Terres du Rêve »

Depuis sept siècles, vit retranché dans son manoir de R. le magicien Joachim Lodaüs. Un être monstrueux, invulnérable, semble-t-il. C'est en ce domaine maudit que Sandra, dans un moment de désarroi, s'est laissée attirer… et c'est sur elle, partagée entre la terreur et la curiosité, que Lodaüs tente une diabolique expérience. Sandra sera contrainte d'errer sans fin sur les Hautes Terres du Rêve où s'incarnent les songes les plus pervers et les plus cruels de l'humanité. Sandra séduite par le tyran Tsian-Cheng, suppliciée, livrée à la luxure de la Princesse Pourpre…

Mais ses amis s'inquiètent de sa disparition, font appel à un occultiste…

Bientôt six Princes-démons, à la tête de leurs milices infernales, cernent le manoir de R.

J’ai-Lu Poche 1980 / 190 pages / 130 grammes.

Etat : quelques petites marques de manipulation(s) et/ou stockage, ainsi que 2 fines cassures sur tranche, il est un tout petit poil moins bien que les 2 premiers volumes, mais reste néanmoins tout à fait « bon pour le service » !

 

Prix D.U.K.E :

Les 3 volumes pour 9 €uros. / Vendus ! Temporairement indisponibles.

( Poids total = 385 grammes ). 

 

Sadoul_Domaine-de-R_01.jpg

 

---------------------------------------------

 

La Passion selon Satan : LUMIERE NOIRE

Bien illustré par Csernus, ce livre, première étape d'un cycle romanesque comprenant Le Jardin de la Licorne et Les hautes Terres du Rêve peut être lu indépendamment de ces suites. Ce roman, déjà paru en 1960, tombait alors dans une terre stérile. C'était l'époque flamboyante de l'idéologie scientifique : on y célébrait avec une joie malsaine l'agonie des Fantastiques.

Aujourd'hui, comme on sait, les démons reviennent hanter les plages délabrées de notre univers mental, réoccupant d'anciennes places fortes. Le cinéma, par exemple, où les Carrie, Malédiction, Exorcistes battent des records d'influence (oui !). Une réédition qui vient à point, appelée par la parution des éléments ultérieurs triptyque.

L'ouvrage est conçu en quatre parties, chacune employant des matériaux symboliques et littéraires différents, mais s'articulant en une fresque cosmique baignée d'une lumière noire. Dans la première partie, le pion engagé est Josette Rueil, suicidée. Nous avons à la fois des informations sur sa conduite quotidienne et, par les bribes de son journal, les minutes de sa possession… le monde hors du temps qu'elle rencontre, ainsi que sa mission de Vierge, mère d'une sorte d'Anthéchrist. Par la même occasion, on nous éclaire sur l'histoire secrète du Domaine de R. : cette partie relève manifestement du Fantastique classique… et s'en échappe… introduisant la figure d'un Joueur, déjà présent dans le Prologue : Joachim Lodaüs — le second joueur ne sera démasqué que plus tard. La seconde partie concerne la quête d'un second pion, Didier, à la recherche de la suicidée, dans le domaine des rêves et des cauchemars, par une entrée dans une faille temporelle. Monde où l'on trouve à la fois la fantaisie d'Alice et de son Lapin, la luxure des démons inférieurs, les scènes de violence, de supplice, de manipulations magiques des joyaux, les féodalités de tous les temps avec leurs jeux de brute : à l'horizon, quelques villes et des lieux à la couleur lovecratienne. Dans la troisième partie, on assiste à la rencontre avec des humains et au suicide d'un ancien Dieu dont l'énergie dispersée éclaire comme un phare les profondeurs du royaume de la mort, permettant un coup de sonde à l'un des joueurs : le monde de Catherine L. Moore sort un instant de son assoupissement. Ces diverses péripéties prennent leur unité dans la perspective, qui est celle de la dernière partie : nous avons alors le point de vue de l'un des joueurs, Joachim. Chacune des aventures précédentes était un coup sur l'échiquier cosmique, dans une partie aux règles mal connues.

L'intérêt de l'ouvrage, présenté par défi comme roman réaliste et dédié à Lovecraft, est multiple. A 23 ans, c'est un premier roman. Ce qui signifie qu'il est un peu autobiographique : la construction de soi passe à la fois par les paysages de l'enfance et de l'adolescence, et lectures, les rêves, les amours de toute sorte. Cela transparaît dans la multiplicité des références, dont chacune réveille un écho assourdi : y entrait alors une part de jeu, évidente. Donner à lire des citations du Necronomicon (en vers français !) est un plaisir qui doit combler ! Imbriquer les mondes si divers des fantastiques, du Gothique à l'Heroic fantasy, avec des allusions à Tolkien — alors peu connu — mêler à Lewis Caroll le folklore de l'Agenais, les univers des Terres Hautes et ceux des mondes Cyclopéens : tout ceci ne constitue pas seulement un bel exercice de style, c'est presque une profession de foi. Coiffant le tout, atteindre à une articulation savante de ces divers imaginaires, dans le cadre et par la thématique — alors surtout de SF — des Joueurs, tout en l'enrichissant de la variante du Jeu à l'Aveugle voilà qui est une ouverture inédite à la vie littéraire. Jeu à l'aveugle ? Joachim ignore contre qui il joue, et il est en position de faiblesse par son statut de Mortel, alors qu'il affronte, pour le pouvoir suprême, l'un des Dieux les plus récents du Panthéon : d'où l'aspect — scandaleusement — humain. En plus de ses références littéraires, l'ouvrage est nourri d'une vaste culture astrologique, alchimique, et ésotérique : loin d'encombrer la marche du récit — l'axe du désir — ces diverses strates enrichissent d'irisations fantasmatiques cette traversée géologique de l'imaginaire. ( Roger BOZZETTO )

 

---------------------------------------------

 

Le jardin de la licorne 

Deuxième volet de la trilogie du Domaine de R., Le jardin de la licorne peut se lire séparément, bien que je conseille fortement aux amateurs de bon fantastique de lire auparavant La passion selon Satan (J'ai Lu n° 1000). Appartenant par certains cotés au mythe de Cthulhu, cette trilogie vaut surtout par son univers onirique qui rejoint le nôtre par certaines portes, comme celle gardée par Joachim Lodaüs dans son Domaine de R. Et dans cet univers des rêves se déroulent d'innombrables aventures qui ont la particularité de pouvoir se lire à plusieurs niveaux. Jacques Sadoul s'y révèle être un auteur au ton très personnel, et Dieu sait s'ils sont rares dans le grand désert qu'est le fantastique de langue française. Cette lutte titanesque entre les puissances de l'autre monde (écrite par un auteur qui possède de sérieuses références en matière d'occultisme) possède un aspect fascinant, qui n'est pas la moindre de ses qualités.

( Richard D. NOLANE )

 

---------------------------------------------

 

Les Hautes Terres du Rêve 

Voici le 3e et dernier volume de cette fresque romanesque, entamée voici vingt ans, et dont il a déjà été publié La passion selon Satan (1960, rééd. 1978) et Le jardin de la Licorne (1976) avant d'en arriver à cette fin (?).

L'ouvrage est composé de 12 clés (chapitres) et l'histoire se clôt après l'affrontement des légions infernales rapide et inconcevable.

Le récit alterne deux points de vue. Celui de Sandra (l'héroïne du Jardin) qui explore les Hautes Terres — un univers mixte de légendes, de songes, de traditions, de mythes dégradés — et voit les passions de déchaîner avec ce qu'il est nécessaire de prendre pour le JEU du désir, incapable de se fixer dans un objet. Aspect merveilleux et ironique de cette exhibition et de ces feintes. Ce territoire, nous en avons la carte… aussi fiable mais plus mystérieuse que celles offertes par Tolkien (plus angoissantes aussi, bordées et traversées par le Néant). L'errance de Sandra la conduit à retrouver Didier et Josette (la passion) et à les rapatrier au Domaine de R.

L'autre point de vue porte sur Joachim Lodaüs (on saisit l'anagramme , objet d'enquête et sujet du grand affrontement. Joachim ou le Maître secret, à qui il ne manque plus que l'immortalité. Le récit se structure sur la promesse d'un avènement : celui de l'Antéchrist, nouvel avatar du Maître, qui achève sa gestation dans le sein de Josette, la suicidée. Ces deux points de vue se confondent, sous l'œil ironique du Chat, maître des rêves.

Comme dans les ouvrages précédents, le charme agit par référence aux univers évoqués (voir la carte), qui englobent tous les territoires engendrés par l'histoire de l'imaginaire. Quant au malaise, il provient du personnage de Lodaüs, et de la tradition noire qu'il assume. La rencontre des deux territoires, des deux traditions, au lieu — comme chez Tolkien — de se sublimer en un nouveau merveilleux, laisse au contraire apparaître des ruptures, des fractures, des gouffres. L'auteur fait semblant de colmater ces brèches avec ses références à l'alchimie, aux prophéties. Mais il évite habilement le discours allégorique — piège tendu à ces ouvrages, à la limite de l'initiation.

Troublante autobiographie onirique.

( Roger BOZZETTO )

 

Sadoul_Domaine-de-R_02.jpg

 

---------------------------------------------

 

La Passion selon Satan 

Pour le millième numéro, Sadoul s'édite lui-même : c'est ainsi qu'on est le mieux servi. C'est le premier tome d'une trilogie, parue en 78, chez Pauvert, le Cycle du Domaine de R.

Curieusement, ce premier tome célèbre très bien ce millième numéro de J'ai Lu, en ce sens que c'est une sorte de condensé littéraire, mélange parfaitement dosé de genres et de styles.

A la fois conte fantastique avec tout son attirail traditionnel (domaine maudit, énorme chat noir, vieilles légendes chuchotées, envoûtements, démons, incantations, boule de cristal…), récit d'heroic-fantasy (pouvoirs magiques, quête quasi mystique de Didier Chaptal pour retrouver Josette, alchimie, références à d'antiques civilisations…), conte merveilleux et enfantin (le Monde du rêve, Rois et princes, Samarcande…) visant parfois à l'horreur, fable mystique (le Nécronomicon, le Réveil du Dieu Vivant, le caractère illusoire de la réalité…), et même roman de science-fiction, de par son agencement (jeu d'échecs cosmique, présence extraterrestre, mondes parallèles…), La Passion selon Satan EST cet incroyable amalgame que l'on retrouve dans le(s) style(s) ; tout y est : le journal intime, le rapport type journalistique, les événements par correspondance, le récit direct, la distanciation — même l'humour et la dérision !…

Le plus fort est que ça se tient, la structure oscillante ne se dérobe pas sous nos yeux, l'histoire éclate mais se recompose toujours, et les personnages, manipulés comme manipulateurs, évoluent parmi cette fantasmagorie comme des acteurs amateurs sur une scène étrange et encombrée qu'ils comprennent mal. Et l'on a peine, parfois, à croire en leur existence.

Quant au Domaine de R, c'est la Réalité bien sûr, mais laquelle ?

( Jean-Marc LIGNY )

 

Ou encore…

>>> http://lacrypteduchatroux.hautetfort.com/archive/2012/05/...

 

Sadoul-bandeau.jpg

Jacques Sadoul nous a quitté le 18 janvier 2013 dernier.