Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/02/2014

14 et 15 février : Lupercales

Les Lupercales se déroulaient chaque année les 14 et 15 février. Elles étaient organisées par les Luperques, les prêtres du dieu Faunus. Le 15 février, ils couraient, entièrement nus. La nudité n’était alors pas aussi choquante qu’aujourd’hui, les athlètes notamment pratiquaient leur sport nus. La nudité des prêtres était symbolique : ils cherchaient à rappeler la nudité du dieu Pan :

 

Le dieu, qui est nu, veut que ses servants soient nus ;

Et un vêtement serait bien incommode pour courir

(Ovide, Les Fastes, Livre 2, vers 2,285-2,286)

 

En effet, même s’ils vénéraient le dieu Faunus, toute la cérémonie des Lupercales était consacrée au dieu Pan :

 

Là [chez les anciens Arcadiens], Pan était le dieu du bétail, Pan était le dieu des cavales,

il recevait une offrande pour assurer le salut des brebis.

Evandre amena avec lui ces divinités sylvestres :

là où est la Ville [Rome] actuelle n’était que son emplacement.

C’est pourquoi nous célébrons ce dieu et les rites amenés par les Peslages.

(Ovide, op. cit, vers 2,277-2,281)

 

Une autre explication existe sur la nudité des Luperques, donnée elle aussi par Ovide, un peu plus loin dans ses Fastes :

 

Faunus croisa un jour Hercule, ayant alors accompli ses douze travaux mais pas encore dieu, et son amante Omphale, reine de Lybie et dont il était l’esclave, suite à un crime. Faunus tombe immédiatement amoureux de cette femme magnifique. Alors que les amants se préparaient à célébrer les fêtes du dieu Pan, Faunus décida de les suivre jusqu’à la grotte où ils avaient décidé de se retirer.

La nuit, en l’honneur de Pan, devait être chaste en attendant les festivités. Hercule et Omphale décidèrent alors d’inverser leurs vêtements, et s’endormirent l’un à côté de l’autre. Faunus entra discrètement dans la grotte, plongée dans la pénombre. Il s’approche de la couche d’Omphale, mais elle porte la peau de lion de son amant, et il s’en détourne pour se diriger vers les tenues bien plus délicates dans l’autre couche. En les soulevant, il voit les jambes poilues d’Hercule, s’en effraie et tombe dans sa précipitation à fuir.

 

L’histoire est très vite répandue, grâce aux serviteurs d’Omphale, et Faunus fait l’objet de la risée générale. Depuis, il éprouve un certain dégoût pour les vêtements et exige des Luperques la nudité.

 

--------------------------------------

 

Pour honorer le dieu Pan, donc, et son dérivé Faunus, les Luperques couraient nus dans les rues, et bénissaient ainsi la fertilité des passants et des foyers en flagellant les spectateurs avec des lanières de peau de bouc sanguinolentes. Ceux (et surtout celles) qui étaient touchés par ces lanières étaient assurés d’être purifiés et de bénéficier de la générosité du dieu.

Les lanières de peau de bouc venaient d’un sacrifice, réalisé juste avant dans une grotte sacrée, le Lupercal. Ce rite est lui bien romain, puisqu’il a été établi en commémoration d’une anecdote arrivée aux jumeaux Romulus et Rémus :

 

Il était de coutume de sacrifier une chevrette au dieu Pan, et alors que les prêtres préparaient le festin qui devait suivre le sacrifice, les jumeaux et quelques amis s’adonnaient aux joies du sport sur une colline. L’un de ces amis déclara bientôt à Romulus et Rémus qu’on voyait des brigands voler leurs bœufs. Sans attendre et sans prendre la peine de se vêtir, les jumeaux coururent à la poursuite des voleurs. Ce fut Rémus qui ramena les bêtes dans leur champ, et, une fois sur les lieux du festin, s’arrogea la belle part du repas en récompense.

 

lupercus,lupercales,faunus,pan,paganisme,fêtes païennes,saint-valentin

 

La grotte du Lupercal est elle aussi liée aux jumeaux qui fondirent la ville de Rome : ce serait là en effet que la louve les aurait protégés et allaités après leur abandon sur les rives du Tibre. C’est d’ailleurs en l’honneur de cette louve que la grotte s’appelle « Lupercal » (loup en latin se dit lupus).

 

----------------------------------------------

 

Le rite complet était l’un des rites les plus originaux alors pratiqués par les Romains. On offrait au dieu différentes offrandes, allant de la virginité d’une jeune fille au sacrifice de plusieurs animaux. La jeune fille était placée sur l’attribut masculin du dieu pendant toute la cérémonie. Ainsi, le symbole de la nouvelle fécondité était accompli. Pour la purification, puisque c’est aussi le but des Lupercales, on choisissait deux jeunes hommes, qu’un prêtre marquera de sang sacrificiel sur le front grâce à la lame dont il s’était servi, puis lavera ce sang avec une éponge de laine imbibée de lait, symbolisant la renaissance. Les deux jeunes gens, pour montrer leur fierté et leur joie, devaient alors éclater de rire.

On peut se demander quel rapport on peut trouver entre cette fête de la fécondité, assez primitive, même pour les romains (qui n’hésitaient pas, les derniers siècles, à dénigrer cette cérémonie pourtant très suivie) et la fête des amoureux célébrée aujourd’hui.

Il vient tout simplement du banquet, organisé à la fin des Lupercales. La tradition demandait que toutes les jeunes filles inscrivent leur nom sur un parchemin et le déposaient dans une urne. Les jeunes hommes venaient alors tirer au sort le nom de leur compagne d’un soir, avec la bénédiction de Junon, déesse du mariage. Parfois, on assistait ainsi à la naissance d’un couple.

C’est cette tradition amoureuse et plutôt « civilisée » que le pape Gélase 1er choisit de conserver en 494 lorsqu’il interdit définitivement les Lupercales, trop païennes et débridées au goût de l’Eglise. Il choisit alors un Saint, et ce fut Valentin qui se retrouva alors saint patron de tous les amoureux.

 

Les Mondes de Gwen / Mythes, légendes et Magie

 

lupercus,lupercales,faunus,pan,paganisme,fêtes païennes,saint-valentin 

Voir également ici et ici !

05/08/2013

Thierry CAMOUS / Romulus - Le rêve de Rome.

Thierry CAMOUS : « Romulus -  Le rêve de Rome »

 

Personnage de légende, Romulus ne nous est connu que grâce à des écrits bien postérieurs au VIIe siècle avant J.-C. où il vécut. Objet de fascination, il reste pour les historiens une véritable énigme et une sorte de tabou scientifique. Or, des découvertes archéologiques récentes prétendant avoir retrouvé le palais royal de Romulus ou la grotte du Lupercal, dans laquelle la louve allaita les jumeaux, permettent d’éclairer d’un jour nouveau la figure du fondateur de Rome. C’est sur l’apport essentiel de ces découvertes, enfin mises à la portée du grand public, que se fonde cette première biographie de Romulus depuis… Plutarque !

En réalité, Romulus condense plusieurs époques, et donc plusieurs personnages. Quatre, pour être exact : l’homme des bois, enfant sauvage abandonné par sa mère, la vestale violée par le dieu Mars, qui tente de reconquérir son trône perdu ; le fondateur, chef de clan qui s’approprie la colline du Palatin en traçant le fameux sillon délimitant l’Urbs, tue son frère Rémus et enlève ses voisines, les Sabines, pour en faire des épouses ; le roi-guerrier, qui organise la cité unifiée, étend sa domination et finit démembré ; et le héros mythique, descendant d’Énée aux origines troyennes.

Cette enquête captivante et érudite nous ouvre les portes d’un monde méconnu, celui de la civilisation des premiers Latins, pâtres belliqueux, de leur métropole mythique au plus profond des bois, Albe-la-Longue, de leur fête sanglante des Lupercales et de leurs terribles batailles contre leurs adversaires étrusques. Au-delà du "portrait en creux" d’un homme, elle nous offre une peinture saisissante de l’Italie primitive, berceau de la civilisation romaine classique. En cela, l’action du roi Romulus, qui se lance dans le Latium à la conquête des voies commerciales, porte en germe un destin impérialiste insoupçonnable alors. Aux frontières du mythe, de l’histoire, de l’archéologie, de l’ethnologie et de l’anthropologie, un essai fascinant sur les origines à la fois tragiques et grandioses de Rome.

 

Chercheur associé au CNRS, professeur agrégé à Nice et chargé de cours en histoire ancienne à l’université de Sophia-Antipolis et de Guangzhou (Chine), Thierry Camous est spécialiste des origines de Rome (Le roi et le fleuve : Ancus Marcius Rex, aux origines de la puissance romaine, Les Belles Lettres, 2004). Il est également l’auteur de deux synthèses sur les rapports d’altérité entre les civilisations comme moteur de la violence guerrière, qui ont suscité un certain débat : Orients / Occidents, 25 siècles de guerres et La violence de masse dans l'Histoire

(PUF, 2007 et 2010).

 

Le grand livre du mois – 2010 – 431 pages – 23 x 14 cm –  500 grammes.

Etat = broché, reliure "semi-souple" illustrée par un détail de L’enlèvement des Sabines de David. Tranche intacte, quelques infimes marques de manip’, rien de notable, très bon état.

>>> 6 €uros. / Vendu ! Temporairement indisponible.

 

 

thierry camous,romulus,la fondation de rome,romains,étrusques,lupercal,lupercales,sabines

 

(Prix neuf = 25€)